Le programme des conférences de 2024

La tendresse que nous pouvons éprouver à l’égard des nouveau-nés, des bébés, des enfants correspond sans doute à une nécessité du point de vue de l’évolution ; le but est que les parents protègent et prennent soin des jeunes, nés très immatures dans notre espèce. Réciproquement, le jeune enfant montre un besoin de sécurité et forme une relation particulière, une «relation d’attachement» auprès de ses parents, avec lesquels il peut éprouver un sentiment de sécurité. Mais dans notre espèce, ce ne sont pas que les parents qui prodiguent soins et protection aux jeunes. La question est alors la suivante: les professionnels de l’enfance peuvent-ils et doivent-ils, avec les enfants dont ils ont la charge, entrer dans des relations semblables à celles que l’enfant forme d’ordinaire avec ses parents, montrer de la tendresse, inciter l’enfant à s’attacher à eux; ou au contraire, doivent-ils respecter une distance professionnelle, afin de préserver la relation privilégiée que l’enfant a établi avec ses parents; doivent-il veiller à ne pas enfreindre la «bulle affective» de l’enfant? Quelles sont les limites pour des soins professionnels « suffisamment bons » ?.

Pour accompagner et favoriser au mieux le développement psychomoteur des jeunes enfants, il est important de saisir toute la complexité de ce concept. Définissons le développement psychomoteur pour en comprendre toutes les facettes, au-delà de la simple motricité globale. À travers des anecdotes légères et évocatrices, prenons le temps de réfléchir à nos pratiques professionnelles. Comment pouvons-nous guider l’accompagnement des enfants de manière plus confiante, respectueuse et adaptée à leurs besoins ? Cette conférence aspire à semer des graines pour porter un regard singulier sur le développement psychomoteur et une réflexion sur son accompagnement des adultes, dénué de dogmatisme.

Professionnels de la petite enfance, avez-vous le mode d’emploi pour élever les jeunes enfants ? Vous savez qu’il faut les protéger, les guider, les éduquer… Mais comment s’y prendre ? Cela se traduit souvent par des conseils sur ce qu’il faut ou ne faut pas faire : « il faut leur apprendre à obéir…partager…attendre…respecter les autres…ranger… », ou bien « il ne faut pas…leur donner trop de câlins, leur laisser faire des caprices…narguer les adultes… » etc. Autant d’idées bien arrêtées au départ qui se frottent à un constat bien réel : ça ne marche pas toujours, et ils mettent notre patience à rude épreuve ! Pourquoi résistent-ils autant à ce que nous voulons leur apprendre ? Pourquoi nous obligent-ils à nous fâcher ? Comment faire pour éduquer et rester zen ? Et si nous revisitions toutes ces injonctions pour comprendre les « résistances » des enfants à la lumière des connaissances sur le développement de leur cerveau dans les premières années ?

Quand un adulte regarde un jeune enfant jouer, il dira avec envie : quelle chance il a de pouvoir jouer en toute insouciance ! Mais il dira aussi avec étonnement : je ne vois pas à quoi il joue ? et parfois, il dira avec agacement : ce n’est pas comme ça qu’on joue ! Les jeux sont souvent réduits à des mises en scènes de la vie quotidienne par imitation ou par imagination. Le jeu cache son jeu ! Il y a un paradoxe : Le jeu est considéré comme une activité importante mais n’est pas valorisé. Si l’adulte s’en mêle, le jeu devient « activité » et plus tard « travail » ! Et si ce n’était pas seulement du jeu ? Devant un enfant qui fait rouler sa voiture sur le toboggan, qui saute dans une flaque d’eau, qui tape sur le radiateur, dirons-nous qu’il joue où qu’il fait des expériences ? Dans ces exemples, le jeu est la base de la construction des connaissances pour accéder à une représentation cohérente du monde. Lorsque l’enfant s’interroge sur les lois qui régissent son environnement, il procède en petit scientifique, par hypothèses et expérimentations pour validation. Et c’est toujours un plaisir. Le positionnement d’un adulte attentionné n’est pas de faire à la place ni de faire-faire en donnant des consignes mais de faire avec en comprenant ce que l’enfant cherche à démontrer et en lui faisant d’autres suggestions. Chacun peut trouver sa place pour accompagner ses découvertes. Les commentaires et les propositions varient selon les personnes. Que l’on soit professionnel, parent, grand parent, frère ou sœur, chacun enrichira les connaissances de l’enfant par ses histoires personnelles. En regardant avec un autre œil le jeu des enfants, nous découvrons combien il est important de les laisser explorer en suivant leurs questionnements.